De Mongibello à l'Etna: les nombreux noms du volcan sicilien le plus apprécié. Un volcan, plusieurs noms: de Mongibello à l’Etna. Le géant sicilien, originaire du Quaternaire, représente le plus haut volcan actif terrestre de la plaque eurasienne. Les éruptions ont, au cours de l'histoire, profondément modifié le paysage environnant. L'Etna est l'un des symboles les plus célèbres de la Sicile. Son profil et sa majesté visibles même de loin font partie des paysages typiques.
Un volcan, plusieurs noms: de Mongibello à l’Etna
C'est le volcan actif terrestre le plus haut de la plaque eurasienne, si précieux qu'il a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Parmi les nombreuses caractéristiques qui le rendent unique, il y a aussi son nom. Si, en fait, pour les locaux, on l'appelle aussi simplement "a Muntagna", l'étymologie du nom Etna a plutôt généré des débats assez complexes. Mille noms, un géant selon certains, cela est dû à la prononciation de l'ancien grec Itaciste du toponyme Aitna (Aἴτνα-ας). Le nom a également été attribué aux villes de Katane et Inessa et dérive du mot grec classique αἴθω (aitho qui est de brûler). L'Etna était connue à l'époque romaine sous le nom d'Aetna. Naturellement, les différentes populations qui habitaient la Sicile ont donné des noms différents à ce majestueux volcan. Les écrits arabes se réfèrent à l'Etna comme la montagne Ǧabal al-burkān (montagne du volcan) ou Ǧabal Aṭma Ṣiqilliya (plus haute montagne de Sicile) ou Ǧabal al-Nār (montagne de feu).
Pourquoi Mongibello ? Ce nom fut plus tard changé en Mons Gibel, littéralement « mont Gibel » (du latin mons « Mont » et de l'arabe Jebel جبل « Mont ») précisément pour indiquer sa majesté, d'où Mongibello (ou aussi Monte-bello). Selon d'autres, le nom Mongibello dérive de Mulciber (du latin qui ignem mulcet : qui calme le feu) une des épithètes avec lesquelles le dieu Vulcain était appelé par les Latins.
Voilà pourquoi l'Etna est aussi appelé Mongibello, le nom Mongibello est resté longtemps en usage. Il y a aussi ceux qui continuent d'appeler l'Etna de cette façon. Les populations locales, pour désigner le volcan, utilisent parfois le terme d'argot " a muntagna " simplement dans son sens de montagne par excellence. Ces derniers temps, le nom Mongibello est resté pour n'indiquer que le sommet de l'Etna, c'est-à-dire la zone des deux cratères centraux (Bocca Nuova et Voragine) et des cratères sud-est et nord-est. Depuis que les Grecs ont appelé notre volcan Αἰτνα, son nom est entré dans la légende, la littérature, l'histoire et même la géographie.
Etna était le nom de la ville de Catana voulue par Ierone, tyran de Syracuse, comme nous le dit l'historien Strabone dans le sixième livre de sa Della Geografia et dans le monde, mais surtout aux États-Unis d'Amérique, de nombreux endroits portent le nom de notre volcan. C'est certainement grâce à la nostalgie et à la fierté de nos nombreux compatriotes qui ont quitté notre territoire obligés d'émigrer, et qui ont apporté avec eux un peu de Sicile avec le nom d'Etna. Il existe donc aujourd'hui sur le territoire américain 32 sites appelés Etna (ou même Aetna), dans 28 états américains.
Mont Etna en Australie, autre pays dans lequel la présence sicilienne est forte, il y a une ville avec le nom Etna, dans l'état du Queensland, où il y a aussi une montagne, presque un bonsaï de notre Muntagna à 200 mètres de haut, avec le même nom. Une autre montagne, Etna Mountain, se trouve en Californie. Dans l'état du Nevada, par contre, il y a un mont Etna (ou même le mont Aetna) de 2154 mètres de haut.
Et puis il y a les nombreuses Via Etna dans les communes et hameaux de l'Etna: à Aci Bonaccorsi, à Aci Catena, à Bronte, Camporotondo Etneo, Fiumefreddo, Giarre, Linera, Misterbianco, Randazzo, Riposto, San Giovanni la Punta, San Giovanni Montebello, Sant'Alfio; et au-delà, mais toujours en Sicile: à Carini, à Carlentini, Ispica, Montalbano Elicona, Palerme, Raffadali, Ribera, Syracuse, Villabate.
Le nom Etna a été attribué de temps en temps non seulement dans le domaine toponymique, mais aussi dans le domaine commercial et au-delà: il existe des voitures, des lignes de bus, des bateaux, des objets divers, des compagnies d'assurance et bien plus encore qui portent ce nom. Sur le Vésuve, peut-être avec le nôtre le volcan le plus connu du monde, il y avait un hommage à l'Etna: lorsque le célèbre funiculaire a été construit en 1880, l'une des deux cabines s'appelait Etna (l'autre, évidemment, le Vésuve). L'Etna n'est pas seulement un volcan: c'est un monde entier et il est partout dans le monde.
Sicile entre mythes et légendes: l'histoire de Tifeo, le géant à l'origine de l'éruption de l'Etna
À quoi sont dues les éruptions de l'Etna ? Parmi les nombreuses réponses scientifiques, en voici une mythologique, qui ferait dépendre l'activité du plus haut volcan d'Europe des bouffées du géant Tifeo. Que son nom soit Tifeo ou Typhon, peu importe la mythologie grecque: selon cela, il est responsable des éruptions de l'Etna qui ont secoué la Sicile à plusieurs reprises pendant des siècles. En fait, tout le monde ne connaît pas son histoire et d'ailleurs, personne aujourd'hui ne penserait à un géant et à ses caprices pour expliquer un phénomène tel qu'une éruption volcanique. Cependant, il s'agit d'une légende qui a alimenté une longue tradition populaire pendant des siècles, préservée dans de nombreuses sources, selon laquelle le géant Tifeo tiendrait toute l'île sur ses membres, étant prisonnier sous elle.
Dans certaines représentations dédiées au mythe, Tifeo tient l'île en décubitus dorsal, les bras tendus et les mains soutenant deux extrémités opposées, Peloro et Pachino, tandis que ses pieds se rejoignent sur « Lilibeo » (Trapani). La tête, en revanche, serait sous « une montagne », avec la bouche du géant qui coïncide idéalement avec celle du volcan. Tifeo aurait été condamné, à la suite d'un affrontement avec le redoutable Zeus, à supporter le poids de l'île sur son corps, mais pas avant d'être enfermé à jamais sous l'Etna.
Tifeo est né de l'union de Gaea, terre mère, avec Tartarus: c'est un géant à l'allure monstrueuse, avec une tête de cent serpents, qui dès sa naissance était destiné à se battre contre Zeus pour venger sa mère Gaea, dont les autres enfants (les Titans) ont été vaincus par le roi des dieux. Au début, le choc semble récompenser Tifeo, puisqu'il brise les tendons de Zeus, l'obligeant à s'éloigner de l'Olympe. Ce dernier, réanimé par Hermès et Pan, reprend des forces pour son propre combat, contrairement au fils de Tartarus qui, après une rencontre avec les Moira, autres créatures mythologiques, commence à perdre la santé.
Le géant s'affaiblit, alors que les Moira lui offrent de la nourriture pour de simples mortels, ce qui ne fait que lui enlever la santé, épuisée dans son combat avec Zeus. Au final, les pièces sont inversées et c'est le géant qui doit échapper aux foudres du roi de l'Olympe, se réfugiant en Sicile. Ici, mortellement blessé, il sera traîné et enfermé à jamais sous l'Etna, où encore aujourd'hui il alimente le volcan de ses bouffées. Le tremblement volcanique continu, cependant, serait dû à sa colère, avec laquelle il tente en vain de se rebeller contre son destin cruel.
Même le corps de Tifeo suggérerait une crucifixion, dans son agencement sous l'île. Il ne fait aucun doute que la matrice du mythe est en tout cas toute hellénique. Divers auteurs du classicisme en ont parlé, dont Hésiode, qui, dans sa Théogonie, reproduit en vers les moments du choc fatal. Récemment, cependant, le mythe de Tifeo est apparu dans les pages du fantasme "Percy Jackson et les Olympiens", signe d'un mythe toujours ancien mais en même temps toujours d’actualité.